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N° 70 : Votez Clovis 06.02.2017

L’image de probité fut, tout le monde en convient, la raison majeure de la victoire de François Fillon aux primaires de la droite. Même l’austérité annoncée de son gouvernement n’y fit pas obstacle, du moment que l’homme restait lui-même exigeant en ses propres valeurs. L’équilibre conjugal affiché alors, compta beaucoup pour séduire les esprits. Point de demi-mondaine à la guitare ni de virée nocturne en scooter ! Les français, bien qu’ils défendent majoritairement la liberté de mœurs à titre personnel, ont un profond dégoût pour les frasques licencieuses de leurs élus. Les vertus familiales sont à leurs yeux le meilleur garant de leurs vertus politiques. C’est pourquoi, de Pompidou à Mitterrand, de Juppé (on se souvient davantage de l’appartement pour son fils que des emplois fictifs) à Hollande et à Fillon désormais (oublions Strauss-Kahn), on tue plus sûrement un homme d’État en révélant un scandale domestique qu’en lui reprochant de mal gouverner.

 

Car Platon et Aristote nous l’avaient enseigné il y a des siècles, la règle avec laquelle nous vivons la famille servira de mesure à notre vie politique. Elle est un sas de maturation entre le caractère personnel et le gouvernement des peuples. Pourtant, objectera-t-on, nous eûmes dans l’Histoire de France de nombreux rois et présidents, les uns polygames, les autres homosexuels et pédophiles, d’autres encore fieffés débauchés, qui firent tout de même croître et prospérer le Royaume puis la République de France. Il n’y a donc pas de lien de l’un à l’autre, semble-t-il.

 

C’est qu’aujourd’hui, la situation a changé. La nouvelle organisation mondialiste instaurée à Yalta a victorieusement éradiqué un obstacle majeur : l’ancien ordre social terrien et religieux, enfoui dans les viscères mêmes du peuple, y compris chez les anarchistes les plus amoraux. N’oublions pas qu’en 1950 encore, 50 % de la population française vivait peu ou prou de l’agriculture, au rythme des saisons, de la scolarité des enfants et de l'année liturgique.

 

La famille était la souche noueuse d’où se dressaient les amples frondaisons de la patrie. C’est pourquoi des siècles de civilisation chrétienne se sont attachés à forger ce socle pour le rendre invincible. Les grands de ce monde pouvaient bien dès lors se livrer à toutes sortes de dévergondages dans leurs palais ; tant que tenait cet ordre, leurs débordements étaient épongés avant même de se répandre en place publique. L’impact politique de leurs mœurs personnelles était négligeable.

 

Ce temps est révolu. L’idée même de famille paraît désormais anachronique. Malgré d’ultimes protestations énergiques, elle a connu le coup de grâce avec l’inversion du mariage. Même les candidats affichant de discrètes convictions chrétiennes refusent de mettre en péril leur avenir politique pour elle. C’est pourtant le contraire qui serait stratégique, car tant que la société est saine, un dirigeant dissolu peut couvrir son pays de gloire, mais dès que l’ordre public est devenu délétère comme aujourd’hui,  il ne peut que dédaigner la question avec superbe, voire même appeler au meurtre collectif, comme lors du succès de la “Manif pour tous”, tant il sent son mode de vie condamné sans appel. Seul un chef vertueux aura assez de liberté pour juger des véritables priorités et redonner au peuple des raisons d’espérer. Macron semble l’avoir compris, qui veut reprendre à Fillon le rôle de chevalier blanc (espérons que les medias resteront discrets sur sa femme, émule de Gabrielle Russier).

 

Or, actuellement, les candidats sont tous en position de perdre. Même unis, Mélenchon et Hamon afficheraient un handicap encore insurmontable. Marine le Pen, quant à elle, serait sans doute battue par Fillon si ce dernier parvenait à sortir du gouffre, car la gauche ne votera pas pour elle et beaucoup de ses électeurs l’ont quittée pour l’expérience de gouvernement du candidat LR. Macron pourrait perdre face à Marine le Pen, car les électeurs de Fillon se porteront en bonne part sur celle-ci plutôt que sur celui-là. Il pourrait même ne pas franchir le premier tour, avec la remontée du front de gauche ou la candidature de Bayrou. Peut-être aussi, serait-ce le sort d’un Fillon dont la réputation continuerait de se ternir. Et qui sait ? la situation pourrait encore pourrir pour les ténors au point d’offrir à l’un ou l’autre outsider l’occasion d’en tirer avantage. Une seule chose demeure donc certaine à ce jour : tous les candidats peuvent être vaincus !

 

Il me semble pour cette raison, que celui, quel qu’il soit, qui se mettrait à trembler devant l’orage de la défaite et s’écrierait “Dieu de Clothilde, si tu me donnes la victoire, je croirai en tes volontés sur la famille”, celui-là capterait l’oreille du Tout-Puissant comme autrefois Clovis … avec les mêmes effets, combien supérieurs aux attentes. Parmi les prétendants, nous ne manquons pas, certes, de puissants chefs de guerre barbares prêts à mourir et à tuer pour la victoire électorale ; non, ce qui nous fait le plus cruellement défaut, ce sont les Clothilde et les Rémi.

 
 
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