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N° 81 : Les cinq piliers 03.01.2022

      Saint Thomas d’Aquin n’a pas jugé nécessaire d’écrire une Somme philosophique. Était-il pour Aristote dans le même état d’esprit que Denys envers son maître Hiérothée : « Nous n'eussions pas entrepris un travail superflu pour répéter ses propres discours … Mais comme il exposait sa doctrine d'une façon relevée et cachait sous un seul mot, beaucoup de choses, nous les maîtres des âmes encore novices, nous reçûmes l'ordre d'éclaircir et de développer les idées si profondes et si concises de cette puissante intelligence ».

 

      En ouvrant le chantier des commentaires des œuvres principales d’Aristote, sans doute Thomas avait-il, lui aussi, l’intention d’éclaircir et de développer auprès des novices dont il était le maître, le verbe ô combien concis du “Philosophe”, comme il aimait à le nommer. On a pourtant accordé plusieurs autres raisons à ce travail : les uns ont pensé qu’il cherchait à étayer la rédaction de sa Somme théologique (les dates correspondent, il est vrai, entre le Commentaire du Traité de l’âme et le chapitre sur l’âme de la Somme ou entre le Commentaire de l’Éthique et le premier traité moral de cette même Somme). D’autres, plus prosaïques, ont cru qu’il s’était astreint à une obligation professionnelle ou qu’il avait voulu approfondir sa compréhension d’Aristote ou encore christianiser un auteur sujet à des interprétations hétérodoxes.

 

      Certains affirment même de nos jours, que ces commentaires d’Aristote ne reflètent pas la pensée intime de Thomas, laquelle serait dispersée dans les arcanes d’œuvres aux accents davantage néo-platoniciens. Ils tentent, extraits après extraits au prix de traductions parfois hasardeuses, de reconstituer un traité subliminal de métaphysique caché, paraît-il, entre les lignes écrites par notre docteur. Vous les reconnaîtrez à ce signe, ils répètent non pas une, non pas dix, mais cent fois : « Tout ce que je vous dis là, vous ne le trouverez nulle part dans l’œuvre de Thomas d’Aquin, mais c’est le sens de ce qu’il aurait dit s’il avait voulu le dire ! » Oui mais voilà, il ne l’a pas voulu…

 

      Les douze commentaires d’Aristote rédigés par Thomas d’Aquin l’ont été entre son second enseignement parisien et la fin de sa vie à Naples, de 1269 à 1273. Cela représente une somme de travail considérable d’environ 2 500 pages grand format à l’écriture serrée, au milieu de mille autres occupations pressantes, comme il l’avoue lui-même. Il poursuivit cet effort jusqu’à son dernier souffle et à cause de cela, il est impossible de considérer ces écrits comme secondaires ou étrangers à sa pensée la plus personnelle. Il n’avait pas de temps pour autre chose que transmettre la vérité contemplée. « Le but de la philosophie… » écrit-il en expliquant le Traité Du Ciel  « …n’est pas de savoir ce que les hommes ont pensé, mais bien quelle est la vérité des choses ». Les commentaires d’Aristote sont l’authentique testament philosophique de Thomas d’Aquin.

 

      Parmi eux, nous en avons retenu cinq qui sont au cœur même de la philosophie spéculative. Dans l’ordre d’approche fixé par Aristote lui-même, les traités de logique en premier : Commentaire du Traité de l’Interprétation et Commentaire des Seconds Analytiques, puis le Commentaire des Physiques suivi du Commentaire du Traité de l’âme, et couronnant le tout, le Commentaire des Métaphysiques. Ils forment les cinq piliers d’une initiation aux fondamentaux de la philosophie, à ses méthodes et ses principes, et jusqu’à ses conclusions les plus élevées.

 

      Le tout récent succès de librairie “Dieu – La science – Les preuves” (dont la recension est proposée au menu "Documents - Lectures") est l'exemple même de l’actualité brûlante de la philosophie aristotélicienne de la nature et de la vie ainsi que de sa logique, accompagnées des commentaires de Thomas d’Aquin, au service de la science d’aujourd’hui. À cette intention, nous avons voulu traduire ces cinq commentaires en français à l’heure où les langues mortes viennent à mourir une seconde fois, heureux d’avoir achevé cette entreprise avec le Commentaire du Traité de l’âme paru en juin dernier aux éditions de L’Harmattan.

 
 
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